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Le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité, ou TDAH

Le TDAH ou trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité est devenu une grande tendance sur les réseaux sociaux, avec des milliards de vues sur des plateformes comme TikTok. En même temps, le milieu des spécialistes observe une augmentation des diagnostics de TDAH. La corrélation entre ces deux événements pousse certaines personnes à craindre que ce trouble ne soit devenu qu’une simple tendance parmi une partie de la jeunesse, plutôt qu’une véritable condition médicale. Cependant, cette perception risque de stigmatiser les personnes atteintes de TDAH et de minimiser leur souffrance.

Qu’est-ce que le TDAH ?

Pour ceux qui ne savent pas de quoi il s’agit, le TDAH est une maladie psychiatrique qui se caractérise cliniquement par des symptômes d’inattention et/ou d’hyperactivité et d’impulsivité. Ce trouble, fréquemment diagnostiqué pendant l’enfance, peut persister à l’âge adulte dans de nombreux cas, mais pour qu’un diagnostic de TDAH soit posé, les symptômes doivent être présents avant l’âge de 12 ans, selon les critères du DSM-5, le manuel de diagnostic de référence en psychiatrie [1].

Les méta-analyses montrent que la prévalence mondiale du TDAH est de 8 % chez les enfants et les adolescents [2]. Cependant, une étude américaine publiée cette année dans la revue scientifique Journal of Clinical Child and Adolescent Psychology trouve qu’un enfant sur neuf aux États-Unis a été diagnostiqué avec le TDAH en 2022, une augmentation notable par rapport aux années précédentes [3]. Des augmentations similaires ont été observées en France, au Canada, au Royaume-Uni et dans d’autres pays. Au lieu de réduire cette hausse à une simple tendance, les experts adoptent une perspective plus nuancée, en prenant en compte les divers facteurs qui peuvent influencer le changement dans les diagnostics.

Vers une augmentation des diagnostics

D’abord, la pandémie de COVID-19 a eu un impact considérable sur la santé mentale. Cet impact concerne aussi la reconnaissance et les diagnostics du TDAH durant cette période. Une étude finlandaise, publiée dans le revue médicale JAMA Network Open, a confirmé l’augmentation des diagnostics de TDAH au cours de la pandémie. Les chercheurs ont noté que les changements de style pour lutter contre le COVID-19 pourraient expliquer cette hausse. En effet, avec plus de temps passé en famille à cause des confinements, les symptômes du TDAH sont devenus plus visibles, poussant les parents à consulter des spécialistes [4]. De plus, la pandémie a également entraîné une augmentation des cas de dépression et d’anxiété chez les jeunes, dont les symptômes peuvent parfois être confondus avec ceux du TDAH, ce qui peut avoir conduit à des diagnostics erronés durant cette période [5].

La comorbidité entre l’autisme et le TDAH est un autre facteur. Dans une publication de Missouri Medicine, le psychiatre Elie Abdelnour et ses collègues expliquent que cette hausse des diagnostics peut aussi s’expliquer par le fait que les enfants atteints d’autisme peuvent désormais également être diagnostiqués avec le TDAH, ce qui n’était pas possible auparavant. Ce double diagnostic, rendu possible par le DSM-5, contribue à l’augmentation des diagnostics de TDAH, en raison de la comorbidité importante entre ces deux troubles [6].

Le perfectionnement des connaissances sur le TDAH et une sensibilisation accrue au sein du grand public ont aussi joué un rôle. Cela a poussé plusieurs personnes à consulter pour des symptômes qui, auparavant, auraient pu passer inaperçus ou être attribués à d’autres causes. Malgré ces changements, le TDAH demeure en fait sous-diagnostiqué et sous-traité, en particulier chez les filles et les minorités. Les filles présentent souvent un profil clinique moins hyperactif que les garçons, avec des symptômes plus subtils, ce qui peut conduire à des diagnostics manqués. Le DSM-5 a ajusté ses critères diagnostiques pour mieux inclure ces différences, ce qui pourrait en partie expliquer l’augmentation des diagnostics [6].

Pour conclure, on ne peut pas simplifier la complexité de ce sujet par le besoin des jeunes de suivre les tendances des réseaux sociaux ou leur désir d’accès au médicaments de TDAH. Le TDAH est une réalité médicale complexe qui nécessite une approche nuancée loin de toute forme de stigmatisation.

Article rédigé par Mohammed-Amine RABOIJA.

Références de l’auteur

  • [1] Guelfi, J. D., Crocq, M. A., & Boehrer, A. E. (2023). Dsm-5-Tr Manuel Diagnostique Et Statistique Des Troubles Mentaux, Texte Révisé. Elsevier Health Sciences.
  • [2] Ayano, G., Demelash, S., Gizachew, Y., Tsegay, L., & Alati, R. (2023). The global prevalence of attention deficit hyperactivity disorder in children and adolescents : An umbrella review of meta-analyses. Journal of affective disorders, 339, 860-866.
  • [3] Danielson, M. L., Claussen, A. H., Bitsko, R. H., Katz, S. M., Newsome, K., Blumberg, S. J., … & Ghandour, R. (2024). ADHD Prevalence among US children and adolescents in 2022 : Diagnosis, severity, co-occurring disorders, and treatment. Journal of Clinical Child & Adolescent Psychology, 1-18.
  • [4] Auro, K., Holopainen, I., Perola, M., Havulinna, A. S., & Raevuori, A. (2024). Attention-Deficit/Hyperactivity Disorder Diagnoses in Finland During the COVID-19 Pandemic. JAMA Network Open, 7(6), e2418204-e2418204.
  • [5] Koyuncu, A., Ayan, T., İnce Guliyev, E., Erbilgin, S., & Deveci, E. (2022). ADHD and anxiety disorder comorbidity in children and adults : Diagnostic and therapeutic challenges. Current Psychiatry Reports, 24(2), 129-140.
  • [6] Abdelnour, E., Jansen, M. O., & Gold, J. A. (2022). ADHD diagnostic trends : increased recognition or overdiagnosis ?. Missouri medicine, 119(5), 467.