La psychologie dans le processus de deuil
Lorsqu’un individu perd un membre de son entourage, c’est l’objet externe qu’il perd et non pas l’objet interne qui reste présent dans sa réalité subjective. En effet, chaque objet est à la fois externe et interne. L’objet interne n’est en réalité que la représentation que nous nous faisons de l’objet externe ce qui explique pourquoi nos objets internes ne correspondent pas toujours aux objets externes.
Un travail long et intérieur
Chercher à réactiver la douleur liée à la perte de l’objet externe en se remémorant les souvenirs que l’individu avait en commun avec le disparu est une période indispensable dans le travail de deuil qui permet d’introjecter l’objet, de l’intérioriser et de le prendre en soi pour lui rendre la vie, ce qui implique nécessairement une transformation de l’individu.
La mort d’un enfant
La mort d’un enfant créé un traumatisme et une situation d’une extrême mélancolie dans le sens où en perdant leur enfant, les parents perdent une partie d’eux même. Dans un premier temps, l’enfant prend la première place au sein de la famille, il devient l’unique priorité. Toutes les mères souhaitent suivre leur enfant dans la mort, et dans ces cas là, rien ne sert de tenter de les convaincre que cela ne le ramènera pas, il suffit de reconnaître la légitimité de leur désir de mourir.
Puis, pendant un certain temps, la mère fait à nouveau rentrer son enfant en elle, comme pour lui offrir une nouvelle chance, une nouvelle naissance. C’est ce que les psychanalystes et psychologues cliniciens appellent la préoccupation maternelle terminale. Cette réaction ne doit pas être prise à la légère dans le sens où elle représente une négation du temps qui a passé depuis la naissance de son enfant et donc une négation du deuil, voilà pourquoi l’entourage doit veiller à ce que la mère surmonte cette préoccupation maternelle terminale au risque qu’elle perde contact avec la réalité.
Les différentes étapes
Dans un premier temps on souffre de l’absence et pour palier à cette dernière on reconvoque la présence de l’individu disparu avant d’intégrer son absence. Ce qui est indéniable c’est qu’un deuil transforme : on s’identifie au disparu, notamment en s’appropriant certaines de ses caractéristiques ce qui nourrit notre narcissisme.
Mais malheureusement, tous les deuils ne se passent pas de cette manière. Certains individus sont incapables de vivre avec l’absence du disparu, même plusieurs mois, voir plusieurs années après la séparation/disparition. Dans ce cas, l’individu se laissera mourir, ne mangera plus, ne sortira plus, ne dormira plus,… c’est ce qu’en psychanalyse et en psychologie clinique on appelle le suicide mélancolique. La mélancolie est une dépression majeure au cours de laquelle l’individu s’adresse des reproches très sévères qui sont inconsciemment adressés au disparu, comme s’il devenait le disparu.
Dans le cas d’un deuil classique, l’individu continue de vivre en faisant vivre le mort à travers lui alors que dans le cas d’un suicide mélancolique, il se prend pour le mort et se laisse donc mourir ou se suicide violemment.