Focus sur les troubles obsessionnels compulsifs ou « TOC «
2 % à 3 % de la population souffrent de troubles obsessionnels compulsifs aussi appelés « TOC » . Dans 36 % des cas, cette maladie psychique débute pendant l’enfance. Au niveau de la prévalence, c’est la 4e maladie psychiatrique. Mais de quoi s’agit-il exactement ? Comment se manifeste cette pathologie ? Existe-t-il des solutions ? Nous vous dévoilons tout pour une meilleure connaissance et prise en charge des TOC.
Une maladie psychique sévère
Les TOC appartiennent à la famille des troubles anxieux et plus spécifiquement depuis le DSM-5 à la famille des troubles obsessionnel-compulsif et connexes. Cette maladie psychique chronique est aussi nommée la maladie du doute. Les TOC apparaissent généralement avant 25 ans et exceptionnellement après 35 ans.
Ils sont composés d’un élément visible nommé le rituel, qui s’exprime par la compulsion pour annuler ou pour soulager en apparence la menace, et une partie invisible composée de pensées obsessionnelles intrusives et d’anxiété. Ces rituels répétés et absurdes peuvent souvent durer plus d’une heure par jour et viennent amoindrir la qualité de vie de la personne.
Les obsessions sont centrées sur des thèmes déterminés et répétitifs comme la sexualité, le manque ou la saleté. On parle également de ROC lorsque les TOC deviennent résistants.
Des troubles psychiques associés
Les compulsions peuvent entraîner d’autres troubles psychiques comme l’anorexie, une dépression, une phobie sociale ou un trouble panique. Une souffrance physique peut également apparaître. Il n’est pas étonnant de voir succéder à des lavages répétitifs des mains ou du corps, des problèmes dermatologiques.
Un quotidien impacté
Cette maladie affecte la vie sociale et professionnelle de l’individu. Les TOC entraînent également une perte importante de temps. Ce dernier est consacré à l’exécution des différents rituels comme par exemple passer son temps à éloigner les objets les uns des autres pour qu’ils ne se touchent surtout pas. L’entourage du patient souffre également. Si vous devez soutenir un proche ou un compagnon souffrant de TOC, armez-vous de patience, de tolérance et contactez une association comme l’AFTOC.
Les TOC : quels sont les symptômes ?
Les TOC se manifestent par des pensées intrusives, répétitives, douloureuses, dérangeantes et par une grande détresse psychique. Des compulsions exécutées selon un mode opératoire précis comme le comptage, la vérification, le lavage des mains se mettent en place pour tenter de soulager cette anxiété.
Par exemple, elle peut se sentir obligée de tourner sur elle-même avant de franchir le pas d’une porte ou alors de la passer à l’oblique pour ne surtout rien toucher et ne pas être ainsi contaminé. Face à cette situation, il est impératif de consulter de manière précoce et de ne pas imaginer que le problème va se résorber de lui-même.
Quels sont les différents types de TOC ?
- Les TOC de lavage : la personne craint d’être contaminée et se lave ainsi très souvent (douches répétitives, se laver les mains plus de 50 fois par jour).
- Les TOC de contrôle ou de vérification : la personne va vérifier plusieurs fois que sa porte est bien fermée ou que le gaz est coupé. La personne surveille ses mots pensant que ces derniers pourraient causer un trouble et donc avoir une sorte de pouvoir.
- Les TOC de rangement comme le besoin de ranger des objets en permanence selon certaines couleurs.
- Les TOC de conjuration : la personne est sujette à des pensées répétitives et intrusives de nature sexuelle, violente, immorale ou encore blasphématoire.
- Les TOC d’accumulation et de collectionnisme : face à une obsession de ne pas jeter, se met en place une compulsion d’amasser.
- Les TOC de symétrie et d’exactitude : ces obsessions s’accompagnent de rituels de vérification et d’agencement ou de conduites d’évitement.
- Les TOC particuliers comme le besoin de s’arracher des mèches de cheveux ou trichotillomanie.
L’origine et les facteurs en cause des TOC
Les TOC résultent de l’interaction entre des facteurs biologiques, sociaux et environnementaux. On ne peut pas vraiment parler de facteurs déclencheurs, mais plutôt d’un trop-plein, d’un surplus, d’une accumulation d’angoisses. La gestion de cette angoisse se matérialise par l’apparition d’un TOC. Des causes biologiques comme la participation de certaines fonctions cérébrales hyperactives couplées à des causes psychologiques sont également mises en cause.
Ces facteurs sont exacerbés par des événements de la vie comme du stress intense, une grossesse, un accouchement ou une parentalité. C’est quelque chose de latent qui devient incontrôlable et excessif. On note aussi une implication d’un neurotransmetteur du cerveau dans ce processus, soit la sérotonine.
L’approche cognitive
Les pensées intrusives sont assez répandues dans la population générale. Elles ne deviennent pathologiques que si leur présence est excessive. On note d’un point de vue cognitif un dysfonctionnement du traitement de l’information notamment au niveau du traitement relatif au danger et à l’hyper-vigilance.
L’approche physiopathologique
Il peut exister une vulnérabilité à souffrir de TOC, consécutive à des événements traumatiques, un style d’éducation ou des facteurs environnementaux. La personne peut être vulnérable au stress à cause d’un système sérotoninergique défaillant et une hypersensibilité des récepteurs post-synaptiques consécutive.
Quelles solutions existent ?
Il existe des solutions médicamenteuses. Ces remèdes peuvent être prescrits par un psychiatre ou une pédopsychiatre comme l’utilisation d’antidépresseurs sérotoninergiques ou des antidépresseurs imipraminiques. Ces solutions peuvent être accompagnées d’une approche thérapeutique. Le tout doit être coordonnée par le médecin traitant.
La thérapie cognitive et comportementale TTC
Cette solution fait appel à un psychologue clinicien. Le but est d’exposer le patient à la source qui lui procure son anxiété et ses compulsions. On peut utiliser pour cela la réalité virtuelle. On nomme cela exposition avec prévention de la réponse compulsive. Le patient doit éviter de performer son rituel pour diminuer son anxiété. L’habituation permet une diminution de l’intensité des obsessions. Dans certains cas une thérapie de groupe ou familiale peut-être envisagée et menée par un psychologue clinicien.
La neurochirurgie fonctionnelle
Dans le cas des TOC, un neurochirurgien peut intervenir. C’est un peu la solution de la dernière chance. Certains réseaux neuronaux interconnectés peuvent dysfonctionner. Le but est de corriger ce réseau par une stimulation électrique. Une électrode est alors fixée dans le cerveau relié à un stimulateur placé sous l’abdomen. Cette solution très prometteuse permet dans certains cas de faire sortir le patient de l’enfer des TOC.